Sport connecté: est-ce vraiment une bonne idée pour vous?

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Se mettre au sport connecté: une bonne idée?

Technologie et Sport: Un Duo Efficace?

À l’ère du numérique, les technologies telles que les smartphones, les montres connectées, les patchs dermiques et les semelles intelligentes se multiplient pour enrichir nos expériences sportives. Cependant, leur utilité est-elle systématique?

Les gadgets connectés, offrant une multitude de fonctionnalités, se livrent à une compétition d’innovation pour mesurer et analyser divers paramètres tels que les pas, la vitesse, le rythme cardiaque, le niveau de glucose ou même la transpiration. Face à cette profusion, comment naviguer efficacement? Et est-il encore possible de pratiquer une activité physique sans se soumettre à cette quantification permanente? «Absolument, et c’est peut-être même l’aboutissement souhaité après avoir testé ces outils, à l’exception des entraînements de haute précision pour les athlètes professionnels ou les individus souffrant de maladies chroniques», explique le Professeur Vincent Gremeaux, à la tête du Centre de médecine du sport du CHUV. Il ajoute que «la majorité des gens recherchent à combattre la sédentarité et à augmenter leur activité physique.» Pour rappel, la sédentarité est caractérisée par de longues heures en position assise, tandis que l’insuffisance d’activité physique est définie par moins de 150 minutes d’exercice modéré par semaine, selon les recommandations officielles.

Panorama actuel

«Avoir un smartphone ou une montre connectée peut être extrêmement utile pour évaluer ces deux facteurs cruciaux pour la santé», continue le docteur. Il souligne qu’il peut être plus impactant de visualiser le nombre insuffisant de pas effectués dans une journée sous forme de graphique plutôt que d’écouter les recommandations répétées d’un médecin. Cette prise de conscience peut déclencher le désir de changer ses habitudes. Ainsi, ces dispositifs peuvent devenir pour certains de véritables entraîneurs personnels.

Cependant, ils présentent des limites non négligeables : fiabilité, pertinence, coûts élevés, problématiques éthiques liées au stockage des données dans le cloud, et impact écologique. Le Professeur Gremeaux a exploré ces questions dans un article coécrit récemment publié dans la Revue médicale suisse. Concernant la fiabilité, il note que «selon une étude de 2018, seulement 5% de ces outils ont été formellement validés. Cela ne veut pas dire que les 95% restants sont inutiles, mais ils doivent être choisis en fonction des exigences de l’utilisateur. Une précision absolue est cruciale dans le sport de haut niveau, beaucoup moins pour un jogging du dimanche matin.»

Un défi de taille

Le principal défi réside dans notre capacité à interpréter toutes les données fournies par ces appareils. Le médecin cite l’exemple de personnes alarmées par des niveaux élevés de glucose mesurés pendant l’exercice. Il explique que c’est un phénomène normal, le corps libérant du sucre pour alimenter les muscles, mais ces valeurs peuvent être mal interprétées si on les compare à des normes établies au repos. Le Professeur Gremeaux met également en garde contre le «syndrome du cardiofréquencemètre», où l’obsession des données peut entraîner des inquiétudes inutiles. Il est important de discuter de ces valeurs avec un spécialiste, surtout si elles sont accompagnées de symptômes.

En conclusion, le spécialiste suggère une approche équilibrée : utiliser ces technologies comme des outils pour mieux comprendre et améliorer nos habitudes, sans pour autant devenir dépendant de ces appareils. L’objectif est de bien se connaître pour pouvoir éventuellement se passer de ces aides, surtout dans un contexte non compétitif.

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* Gremeaux V, Saubade M, Besson C, Baggishb A. Le médecin généraliste devant son patient connecté. La quadrature du triangle médecin-patient-coach. Rev Med Suisse. 2023 Jan 25;19(811):126-127.

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